L’idée de mettre en place un projet de sciences participatives concernant la connaissance de la biodiversité sur les espaces agricoles est née de deux constats. D’une part, les espaces exploités par l’agriculture couvrent un peu plus de la moitié du territoire national métropolitain, ce qui fait des agriculteurs des acteurs incontournables de la gestion de la biodiversité. D’autre part, il n’existait aucun outil d’évaluation permettant de qualifier ou de suivre l’évolution de l’état de la biodiversité in situ, en lien avec les pratiques agricoles.
Surtout, les enjeux sont importants. De plus en plus d’attentes s’expriment à propos des pratiques agricoles, notamment pour que celles-ci évoluent vers une meilleure préservation et gestion du patrimoine vivant et de sa diversité. Plusieurs projets politiques et de terrain se sont mis en place pour y répondre. Le projet agroécologique pour la France, engagé par le ministère en charge de l’Agriculture vise un véritable changement dans les modes de production en faveur de l’environnement, dans un objectif de double performance, économique et environnementale, des exploitations (plus d’informations sur http://agriculture.gouv.fr/Produisons-autrement).
En effet, la biodiversité ordinaire, banale, autant que la biodiversité remarquable, constituent un atout pour l’activité agricole. Ces deux aspects de la biodiversité, ordinaire ou remarquable, participent d’un système fonctionnel qui peut être considéré comme un facteur de production : les auxiliaires aident à la lutte contre les ravageurs des cultures, la faune du sol, dont les lombrics, participe de façon importante au drainage et à l’ameublissement des sols, les espèces sauvages sont un réservoir de ressources génétiques, les pollinisateurs et les abeilles contribuent aux rendements, en arboriculture fruitière comme en maraîchage… La nature constitue la ressource première de l’agriculture et les espèces cultivées sont toutes issues d’espèces sauvages. Réciproquement, l’agriculture génère une diversité d’espèces et de paysages qui constituent un capital économique, écologique et culturel.
En s’adressant directement aux agriculteurs, en tant que premiers gestionnaires des habitats naturels et de la biodiversité associée, l’Observatoire agricole de la biodiversité (OAB) poursuit deux objectifs. Le premier est de participer à la construction et à l’acquisition d’un savoir collectif sur les interactions entre pratiques agricoles et biodiversité. Le second est de participer à la dynamique de changement en faveur de la conservation de la biodiversité et d’une meilleure prise en compte de l’environnement dans les choix stratégiques et techniques en agriculture. Il participe ainsi à la sensibilisation envers de nouveaux modèles agricoles en s’appuyant sur l’observation concrète et l’expérience des agriculteurs pour entreprendre un changement technique. Comme le précise l’expertise collective de l’Inra « Agriculture et biodiversité : valoriser les synergies », les facteurs de changement vont au-delà d’une simple modification de pratiques ou de l’adoption d’un cahier des charges précis, ils font également appel aux connaissances des agriculteurs en matière d’écologie des espèces, et plus largement d’agronomie.
L’OAB vise aussi à favoriser les synergies entre ses participants, voire entre ceux-ci et le reste du monde agricole. Ainsi, les acteurs impliqués (400 agriculteurs, 50 structures locales) peuvent apprendre les uns des autres et produire des connaissances communes sur les interactions agriculture-biodiversité. Ces savoirs issus des observations concrètes et appuyés par une analyse plus académique peuvent être mobilisés pour inciter à l’action ou à l’adoption de pratiques innovantes. En permettant à chacun d’apprendre des autres et à tous d’apprendre ensemble pour se forger des références communes, l’OAB initie donc un processus collectif de changement.
Revue POUR
Autores
Hélène Hampartzoumian
Rose-Line Preud’Homme
Grégoire Loïs
Richard Raymond
Ève Anne Bühler
Yousri Hanachi
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