L’Amérique latine est, depuis une dizaine d’années, le point nodal de multiples changements dans le secteur agricole. L’un des processus les plus marquants est la multiplication des investissements (productifs et/ou spéculatifs) dans le foncier, les matières premières et, plus généralement, dans les actifs agricoles via les marchés à terme ou des instruments fi nanciers sophistiqués.
Alors que les comportements spéculatifs stimulent des discours alarmants de la part des ONG ou d’une partie des médias, à propos des risques sur les approvisionnements alimentaires ou de l’approfondissement de la concentration économique des ressources rurales, certains investisseurs sont directement engagés dans la production agricole. En associant des stratégies financières et productives, ils participent au développement d’exploitations d’un genre assez nouveau en ce début de XXIe siècle, bien qu’un regard historique sur le XIXe siècle amènerait à nuancer cette idée de nouveauté, sans nul doute toute relative.
Articulées à des impératifs extérieurs au monde rural, les stratégies actuelles s’éloignent cependant de celles liées au capitalisme (post)colonial ou de celui porté une élite sociale aux racines rurales encore fortes. En effet, des fonds d’investissement, des collectifs d’investisseurs « informels », des élites urbaines, ou encore des entreprises transnationales du secteur agroalimentaire diversifient leurs actifs et introduisent de nouvelles logiques de fonctionnement dans les exploitations agricoles. Les producteurs établis, lorsque capitalisés et technicisés, empruntent pour leur part le chemin de l’efficience économique et financière en revoyant leurs modes de gestion. En outre, les grandes exploitations traditionnelles, pressées par un environnement toujours plus concurrentiel, optent pour une intensification inédite.
Revista Géographie, Économie, Société
Autores
Martine Guibert
Ève-Anne Bühler
Denis Requier-Desjardins
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